Réforme infirmière : ce que change le nouveau décret sur la consultation et la prescription
Entré en vigueur le 27 décembre, le décret d'application de la loi infirmière acte une révolution dans le système de santé français. Dès 2026, les infirmiers pourront réaliser des consultations cliniques, élaborer des diagnostics infirmiers et prescrire certains produits de santé, sans prescription médicale préalable.
Après des mois d'attente, la profession infirmière entre dans une nouvelle ère. Le décret publié le 26 décembre au Journal Officiel consacre l'infirmier comme un " professionnel de santé autonome, formé, responsable et acteur à part entière du système de soins ". Pour la ministre de la Santé, Stéphanie Rist, il s'agit d'une " avancée majeure " qui " reconnaît et sécurise enfin les pratiques infirmières du quotidien ". Le Conseil national de l'ordre des infirmiers salue quant à lui la " portée symbolique de cette réforme ", marquant un " changement profond de paradigme " dans un système historiquement centré sur la figure du médecin.
La mesure phare de ce texte est l'institution légale de la consultation infirmière. Désormais, tout infirmier diplômé d'État pourra " réaliser une consultation infirmière et élaborer des diagnostics infirmiers ". Concrètement, cela signifie mener un entretien clinique, réaliser un bilan complet de l'état de santé du patient et identifier les besoins relevant de son champ de compétences. Sur cette base, l'infirmier pourra élaborer un projet de soins personnalisé, en déterminant les actions et objectifs, et en les adaptant lui-même si nécessaire. Cette prise en charge autonome couvre des domaines comme la prévention, l'éducation thérapeutique, le suivi de plaies légères ou le soutien psychologique.
Un pouvoir de prescription inédit, mais encadré
Changement majeur : les infirmiers se voient octroyer un pouvoir de prescription, jusqu'alors réservé aux professions médicales. Ils pourront désormais prescrire certains produits de santé et examens complémentaires adaptés à la situation clinique, dans le cadre de la réalisation de leurs soins. Cette autonomie, très attendue, reste toutefois limitée. La liste précise des produits et actes prescriptibles devra être fixée par un futur décret, sur avis de la Haute Autorité de Santé. Elle ne se substitue pas au diagnostic médical, qui reste le préalable nécessaire pour les pathologies.
La réforme renforce également le rôle des infirmiers dans la prévention et la santé publique. Ils pourront vacciner sans prescription préalable pour les vaccins obligatoires dès 11 ans, contre la grippe et le Covid dès 5 ans, et réaliser des dépistages (VIH, hépatites). En milieu scolaire, dans la protection maternelle et infantile (PMI) ou l'aide sociale à l'enfance, ils sont explicitement habilités à intervenir en cas d'urgence ou de détresse psychologique, sur la base de protocoles médicaux ou, à défaut, en prenant des " mesures conservatoires " en attendant le médecin.
Une réforme progressive à mettre en œuvre d'ici juin 2026
Si le décret est publié, l'ensemble du dispositif doit être opérationnel au plus tard le 30 juin 2026. Cette période permettra de préciser les contours pratiques, notamment la liste des prescriptions autonomes, et d'accompagner la formation des professionnels. Pour les patients, cette évolution promet une prise en charge plus fluide et réactive, avec un infirmier devenu un véritable pivot dans le parcours de santé, capable d'initier, de coordonner et d'adapter les soins en collaboration avec l'ensemble de l'équipe médicale.
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