Sargasses aux Antilles : une gestion en eaux troubles dénoncée par la Cour des comptes


Les algues sargasses continuent d'envahir les côtes des Antilles, mais leur gestion reste chaotique, selon un rapport accablant de la Chambre régionale des comptes (CRC) des Antilles-Guyane. Entre lacunes juridiques, financements mal tracés et solutions techniques aléatoires, les collectivités peinent à faire face à ce fléau écologique et sanitaire.
La CRC pointe d'emblée l'absence de cadre légal clair pour les sargasses, ce qui complique la lutte contre ces algues brunes. Bien que les maires soient en première ligne, l'intervention des différents acteurs publics manque de coordination, aggravant la désorganisation.
Pire : la plupart des communes n'ont pas intégré ce risque dans leurs plans de gestion, alors qu'elles sont déjà en difficulté financière. Résultat, lors des échouages massifs, comme ceux de 2024, les réactions sont souvent improvisées.
"Sans statut juridique, la lutte contre les sargasses reste un casse-tête administratif ", résume la CRC.
Saint-Barthélemy, seul exemple vertueux face à la crise
Le rapport distingue Saint-Barthélemy, seule collectivité à avoir anticipé le problème avec une stratégie de long terme, entièrement autofinancée. À l'inverse, ailleurs :
- Les coûts réels de gestion sont mal évalués, sauf à Saint-Martin et Saint-Barth.
- Les équipements sont sous-utilisés, faute de maintenance et de compétences.
- Certains sites de stockage ne respectent pas les normes sanitaires et environnementales, risquant de polluer sols et nappes phréatiques.
Pour freiner l'arrivée des algues, des barrages flottants expérimentaux ont été déployés. Mais leur efficacité varie : "À La Désirade, on fondait beaucoup d'espoirs sur ce système. Il a moins marché que prévu", reconnaît le préfet de Guadeloupe. Problème : ces dispositifs sont onéreux à entretenir, et leur fiabilité reste aléatoire.

• Joanne Blanc
Un enjeu sanitaire et économique sous-estimé
Les sargasses ne sont pas qu'un problème écologique. Leur décomposition libère des émanations toxiques (hydrogène sulfuré, ammoniac), nocives pour la santé. Pourtant, l'information du public reste insuffisante. Par ailleurs, leur impact sur le tourisme et la pêche est majeur. Avec 31 millions de tonnes de sargasses flottant actuellement dans l'Atlantique, la menace persiste.
Les causes de la prolifération des sargasses restent partiellement mystérieuses (réchauffement climatique ? pollution marine ?). En attendant des réponses scientifiques, la CRC recommande. Sans une politique cohérente, les Antilles risquent de subir encore longtemps cette invasion destructrice.
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