Trafic de drogue ou exécutions ? Les frappes américaines controversées font 83 morts
Depuis début septembre, les États-Unis ont mené plus de 20 frappes en mer des Caraïbes et dans le Pacifique, tuant au moins 83 personnes, sans fournir de preuves tangibles que ces navires transportaient de la drogue. Le Venezuela dénonce des "exécutions extrajudiciaires" et réclame une enquête internationale.
Les États-Unis mènent depuis le 2 septembre une vaste opération militaire ciblant des navires suspectés de trafic de drogue dans les eaux internationales des Caraïbes et du Pacifique. Selon les chiffres communiqués par les autorités américaines, au moins 83 personnes ont été tuées lors de plus de 20 frappes distinctes. Cependant, Washington n'a à ce jour fourni aucune preuve matérielle – saisie de stupéfiants, identification des victimes ou interpellation de survivants – confirmant que ces embarcations étaient bien impliquées dans le narcotrafic comme allégué.
Face à ces opérations, le Venezuela est monté au créneau. Jorge Rodríguez, négociateur en chef du régime de Nicolás Maduro avec les États-Unis et l'une des figures fortes du gouvernement, a dénoncé des "exécutions extrajudiciaires" et des "crimes contre l'humanité". Lors d'une conférence de presse, il a affirmé s'être réuni à l'Assemblée nationale avec des familles de Vénézuéliens "assassinés", montrant une photo de cette rencontre tout en protégeant l'identité des proches, qui auraient reçu des menaces.
Des révélations médiatiques qui accablent Washington
Deux grands journaux américains, le Washington Post et le New York Times, ont publié des enquêtes approfondies jetant le doute sur la légitimité de ces frappes. Le Post révèle qu'une frappe a été ordonnée de manière à "tuer tous les passagers", conduisant les militaires à tirer sur deux survivants accrochés à l'épave. Le Times, après analyse de 21 vidéos diffusées par le Pentagone, décrit un schéma récurrent : des navires en feu, des individus visibles avant leur mort, des embarcations souvent immobiles ou en panne, et aucune ou presque aucune trace de drogue récupérée. Dans un cas, les moteurs étaient "manifestement hors de l'eau", suggérant une panne mécanique.
En réponse, l'Assemblée nationale vénézuélienne a annoncé qu'elle allait proposer la création d'une commission spéciale d'enquête parlementaire sur ces "assassinats". Sur le plan diplomatique, les tensions sont à leur comble. Le président américain Donald Trump a récemment déclaré qu'il considérait l'espace aérien vénézuélien comme "entièrement fermé", laissant planer la menace de frappes sur le territoire. Pourtant, dans un revirement, il a aussi évoqué une possible rencontre avec Maduro sur le sol américain, confirmant des échanges téléphoniques récents entre les deux dirigeants.
Ces frappes, opaques et non vérifiées, placent la communauté internationale devant un dilemme : comment répondre à la lutte contre le narcotrafic sans violer le droit international et les droits humains ? La demande vénézuélienne d'une enquête onusienne, déposée en septembre, pourrait devenir un test crucial pour la crédibilité des opérations anti-drogue menées par les États-Unis en dehors de tout cadre judiciaire.
Related News
Deuxième condamnation définitive pour Nicolas Sarkozy avec Bygmalion
Au Soudan, des médecins déplacés soignent dans l'exode
Négociations sur l'Ukraine: Zelensky reçu par Macron, Trump fait part de son optimisme