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Un syndicat de commissaires propose de signaler les usagers de drogue à leur patron

18 December 2025
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Alors que l'amende forfaitaire pour usage de stupéfiants passe à 500 euros, Frédéric Lauze, secrétaire général du Syndicat des commissaires de la police nationale, va plus loin. Il propose que les employeurs soient systématiquement informés lorsqu'un de leurs salariés est interpellé pour consommation.

La répression de la consommation de stupéfiants pourrait prendre une nouvelle dimension, beaucoup plus intrusive dans la sphère professionnelle. Sur France Info ce mercredi 17 décembre, Frédéric Lauze, secrétaire général du Syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN), a lancé une proposition. "Il faut que les employeurs soient prévenus lorsqu'un de leurs salariés est interpellé pour usage de stupéfiants", a-t-il déclaré. L'idée, selon lui, est de "responsabiliser" le consommateur en faisant intervenir une autre autorité que la police, à savoir l'employeur. Il rejette l'image du "consommateur victime hédoniste passive", estimant qu'il "participe à la criminalité organisée" et finance indirectement "des meurtres, des assassinats, du racket".

Cette proposition intervient dans le sillage de l'annonce présidentielle. Mardi, à Marseille, Emmanuel Macron a confirmé que l'amende forfaitaire pour usage de stupéfiants allait passer de 200 à 500 euros. Une mesure saluée par Frédéric Lauze, qui y voit "un seuil psychologique pour inciter nombre de consommateurs à renoncer ou à raréfier leurs achats". Il estime qu'à 200 euros, l'amende représentait un "risque acceptable" et peu dissuasif. Cette augmentation s'inscrit dans la rhétorique du chef de l'État, qui avait déjà pointé du doigt les "bourgeois des centres-villes", accusés d'alimenter par leur consommation le trafic de drogue dans les quartiers populaires.

Un débat au Parlement dans un contexte de lutte contre le narcotrafic

La question du narcotrafic fait justement l'objet d'un débat suivi d'un vote à l'Assemblée nationale. Ces discussions, non contraignantes pour le gouvernement, visent à dégager des consensus et à mettre en lumière la nécessité de financer certaines priorités. La proposition du syndicat de commissaires, bien que n'émanant pas directement de l'exécutif, s'inscrit dans ce contexte de durcissement affiché de la lutte contre les drogues. Elle soulève toutefois d'immenses questions sur le secret professionnel, la présomption d'innocence, la protection des données personnelles et les risques de stigmatisation en milieu professionnel.

La suggestion de Frédéric Lauze pousserait la logique répressive dans ses retranchements les plus extrêmes, en établissant une corrélation directe entre une interpellation policière et les conséquences sur l'emploi. Elle reviendrait à instaurer une forme de double peine : une sanction pénale (l'amende) immédiatement doublée d'une alerte à l'employeur, avec les risques de licenciement ou de discrimination que cela implique. Alors que le débat sur l'équilibre entre sécurité publique et libertés individuelles est déjà vif, cette proposition vient jeter un pavé dans la mare, posant une question fondamentale : jusqu'où l'État peut-il s'immiscer dans la vie professionnelle d'un citoyen à partir d'une infraction constatée ?