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Urgence démographique : la Guadeloupe perd ses bébés et sa jeunesse

18 December 2025
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Alors que les Outre-mer affichent encore une croissance démographique positive, la Guadeloupe fait figure d'exception inquiétante. Selon la dernière étude de l'INED publiée ce mardi 16 décembre, l'archipel suit la courbe déclinante de l'hexagone avec une chute brutale des naissances de 11,9% en un an.

La photographie démographique de la France, dévoilée ce mardi 16 décembre par l'Institut national d'études démographiques (INED), révèle un contraste frappant. D'un côté, les Outre-mer dans leur ensemble maintiennent une croissance de leur population, tirée par un solde naturel positif. Avec 2,3 millions d'habitants au 1ᵉʳ janvier 2025, ces territoires enregistrent 34 000 naissances pour 16 000 décès. De l'autre, la Guadeloupe semble épouser le déclin de l'Hexagone, où le solde naturel est au plus bas (0,2‰). L'archipel se distingue ainsi de ses voisins caribéens et insulaires, suivant une pente démographique préoccupante. 

Le constat est sans appel : la natalité guadeloupéenne est en chute libre. Entre juin 2023 et juin 2024, le nombre de naissances a reculé de 11,9%, pour atteindre un taux de seulement 9,2 naissances pour 1 000 habitants. Plusieurs facteurs structurels expliquent cette tendance. Le réservoir de femmes en âge de procréer (20-39 ans) s'est considérablement réduit, passant de 60 000 en 2003 à 40 000 en 2023. La jeunesse, qui ne représente plus que 27% de la population (contre 32% en 2015), est minée par l'exode. Un autre chiffre interpelle : en 2023, le nombre d'IVG (3 293) s'approche dangereusement de celui des naissances, soulignant des réalités sociales et économiques complexes.

Vieillissement accéléré et espérance de vie réduite : un défi de société

La situation guadeloupéenne s'inscrit dans une tendance nationale au vieillissement, mais de manière plus aiguë en Outre-mer. La proportion des 60 ans et plus a doublé en dix ans et représente désormais une personne sur cinq. Cette évolution, couplée au départ des jeunes adultes, alourdit le ratio de dépendance et pose la question du modèle social et du renouvellement des générations. L'INED pointe également une espérance de vie inférieure de deux ans en moyenne par rapport à l'Hexagone, un écart attribué aux difficultés persistantes d'accès aux soins. Ces données dressent le portrait d'une population vieillissante et en moins bonne santé.

Face à ce constat, l'étude de l'INED soulève une inquiétude majeure : l'absence de stratégie affichée pour une politique de relance de la natalité. Alors que la croissance des autres territoires ultramarins pourrait elle-même ralentir, la trajectoire guadeloupéenne appelle des mesures volontaristes. La baisse de la fécondité et le départ des jeunes ne sont pas une fatalité, mais ils nécessitent une réponse politique coordonnée, mêlant soutien à la famille, attractivité économique pour retenir la jeunesse et amélioration de l'offre de santé. Sans cela, la Guadeloupe risque de voir sa dynamique démographique s'inverser durablement, avec des conséquences profondes sur son économie et sa cohésion sociale.