Voeux 2025 : pour contrer un État instable, Ary Chalus veut une Région forte et au plus près des Guadeloupéens

Durant ces quelques six minutes de prise de parole, Ary Chalus a choisi d'adopter un ton grave et une posture sérieuse. Si son discours n'est pas dénué d'espoir, le président de Région a fait le choix de ne pas ignorer non plus les turbulentes prévisions que l'instabilité politique et économique française font peser sur les régions et territoires d'Outre-mer. 

Mais d'abord les bonnes nouvelles. Cette année, la Région a mené des investissements massifs dans les infrastructures sportives. Une politique qu'elle a couplé avec une volonté de reconnaissance des anciens sportifs de l'archipel. Une manière de célébrer l'année olympique et les efforts consentis par le mouvement sportif, dans toutes ses strates, pour coller, malgré les difficultés financières, à l'entrain et l'élan Hexagonal. 

La Région flèche aussi ses investissements vers des secteurs qui dysfonctionnent encore tels que la mobilité, la gestion écologique des déchets, ainsi que la réhabilitation aux normes cycloniques et parasismiques des établissements scolaires. 

Vie chère et octroi de mer

"(...)la vie chère demeure la préoccupation majeure de beaucoup d'entre vous. Nous avons mis en place des mesures pour atténuer son impact sur votre quotidien. Mise en oeuvre pour la promotion des circuits courts et le renforcement de notre souveraineté alimentaire et énergétique. Nous travaillons sur la transparence des prix en soutenant les associations de consommateurs." 

La fureur du mouvement RPPRAC de Martinique n'a certes pas contaminé la Guadeloupe, néanmoins l'augmentation des prix de la consommation pèse sur toutes les catégories sociales. Pour rappel, après la crise sanitaire, la Guadeloupe est un des départements qui a enregistré la plus forte croissance des demandes de RSA. En 2021, selon une étude publiée par l'INSEE, 76 000 personnes sont couvertes par le RSA, 800 par le revenu de solidarité Outre-Mer et 53 000 bénéficient de la prime d'activité. Avant cela, le département comptait déjà parmi ceux qui enregistraient les durées de perception de cette aide les plus longues. 

La paupérisation de la Guadeloupe est donc une donnée tangible que la Région ne peut pas oublier, alors même que le contexte économique de l'Europe et de la France s'assombrit. Par ailleurs, l'affaiblissement de l'État, sous l'ère Macron, fait peser, sur les épaules de toutes les collectivités décentralisées un poids plus lourd. "Les incertitudes qui règnent au Parlement rendent difficile la planification de nos investissements. Gouverner c'est choisir, c'est prévoir. En conséquence, 2025 verra notre action davantage concentrée autour de nos compétences premières." annonce donc Ary Chalus qui veut rendre les compétences et les aides régionales plus visibles aux Guadeloupéens.

Sur le plan de l'octroi de mer, le président de Région continue de défendre cette taxe comme un levier financier efficace pour les collectivitités locales. La reprise des débats budgétaires et la relecture des propositions formulées par les congrès, decideront du sens de la réforme de cette taxe. 

Année Rémy Nainsouta

Après avoir bouclé l'année Maryse Condé, marquée tristement par le décès de la célèbre écrivaine le 2 avril 2024, cette fois, le président de Région ouvre une année Rémy Nainsouta. Un choix loin d'être anodin quand on connaît la philosophie et le parcours de ce vétérinaire de formation.

Avant de devenir le maire de la ville de Saint-Claude en 1945, Rémy Nainsouta a voyagé en Europe et en Afrique. Ses idées le rapprochent des courants communistes. De retour en Guadeloupe, il est de ceux qui pensent que le pays a les moyens de se développer en comptant sur une coopération régionale efficace et ses propres ressources naturelles. 

Avoir le sens et l'amour du pays, voilà des valeurs sur lesquelles Ary Chalus insiste fortement depuis les deux dernières années. "Il est essentiel de rappeler que notre région doit rester unie et ne pas succomber au poison de la division. En tant que président de Région, je me suis toujours engagé à être un rempart et à oeuvrer pour l'unité de tous les Guadeloupéens."

Au regard de ce qui pourrait attendre la France, si le gouvernement Bayrou ne tient pas la route, c'est au minimum d'une forteresse dont aura besoin l'archipel pour tenir le choc, à un moment où les lignes politiques locales sont encore plus brouillées que dans l'Hexagone. L'Unité et l'espoir sont donc plus que des voeux. Elles en deviendraient presque des nécessités.

Les voeux du président Ary Chalus