

Des peines allant de quelques mois à dix ans de prison, avec maintien en détention, ont été requises par le ministère public à l'encontre de plusieurs Guyanais accusés d'avoir monté une filière d'importation de drogue entre Cayenne et Paris. Parmi les vingt prévenus, onze fonctionnaires de la Police aux frontières (PAF) sont soupçonnés d'avoir joué un rôle central dans ce trafic et encourent les peines les plus lourdes.
Acheter de la drogue, la transporter, faciliter le passage de passeurs, leur en fournir, organiser l'écoulement de la marchandise dans l'Hexagone... Ces activités sont à l'opposé des missions confiées aux agents de la PAF. Lors de ses réquisitions, la procureure du tribunal correctionnel de Créteil a reconnu qu'il était "peu banal" d'accuser des policiers de tels faits, surtout qu'ils auraient été commis sur leur lieu de travail, à l'aéroport Félix-Éboué.
Des peines exemplaires requises
Le ministère public a réclamé de lourdes peines, proches du maximum encouru, pour les plus impliqués dans ce trafic entre Cayenne et Orly. "Ces fonctionnaires ont porté atteinte à l'honneur de la profession, utilisant leur uniforme pour détourner le système de contrôle et maximiser leurs profits", a déclaré l'avocate générale lors de son réquisitoire, lundi 10 mars. "Ils ne se sont pas contentés de détourner le regard, ils ont mis en place un véritable système : comptes bancaires, comptabilité, mode de recrutement entre collègues… Par son ampleur, ce trafic peut être considéré comme la plus grande association de malfaiteurs au sein de la police nationale."
Les peines requises vont de quelques mois à dix ans de prison, assorties pour certains d'une interdiction définitive d'exercer dans la fonction publique et jusqu'à 70 000 euros d'amende. La procureure a aussi demandé la confiscation des biens saisis : billets de banque porteurs de traces de cocaïne, vêtements de marque et montres de luxe.
Une défense en ordre dispersé
Bien qu'ils reconnaissent pour certains une participation "minimale" – "la cocaïne ne m'appartenait pas, je devais seulement la dissimuler dans les toilettes de l'aéroport" – les anciens fonctionnaires de la PAF contestent être à l'origine d'une filière structurée. "On exige l'exemplarité des policiers, mais nous attendons aussi une exemplarité de l'enquête", a plaidé Me Sarah Desmoulins, du cabinet guyanais de Jérôme Gay, avocate de deux prévenus. "
Le délibéré est attendu ce vendredi 14 mars.
Au cœur du service public
Les fonctions de service public étaient au cœur du dispositif d'importation de cocaïne de la PAF de Guyane. Miguel A., l'un des prévenus en charge de la logistique, était employé municipal à Matoury au moment de son interpellation en juin 2023. "Mon client a été qualifié de ‘métronome' du trafic, mais il n'a pas ce rôle", a déclaré son avocat, Me Philippe-Henry Honegger. "Il n'a aucun contact avec les autres mis en cause, sauf son neveu, [le policier] Kévin A. Sa présence à l'aéroport n'est pas établie et son train de vie reste cohérent avec ses revenus."
Les anciens policiers et l'ex-agent municipal encourent jusqu'à 10 ans de prison et une interdiction définitive d'exercer une fonction publique.
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