Assemblée nationale : les députés antillo-guyanais en soutien du peuple Kanak

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Les députés de Guyane, de Guadeloupe, de Martinique, mais aussi de Tahiti et de la Réunion ont tous pris la parole dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale pour demander avec force le retrait du projet de loi constitutionnel sur la Nouvelle-Calédonie et affirmer leur solidarité avec la lutte du peuple kanak.

« Quoi que vous fassiez, vous aurez toujours des Kanaks face à vous ! » Le député de Guyane, Jean-Victor Castor était sans détour face au ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, mardi 14 mai, lors des débats autour la proposition de loi constitutionnelle changeant le régime électoral de Nouvelle-Calédonie.

Après des débats houleux et l’adoption du projet loi, tard dans la nuit, Jean-Victor Castor est revenu à la charge ce mercredi 15 mai, face au Premier ministre Gabriel Attal. Il l’interpellait cette fois à l’occasion de la séance des questions au gouvernement : « Le pire est arrivé ! Il y a des morts, nous savions tous que cela pouvait arriver. Maintenant, c’est l’état d’urgence et l’État reconnaît une situation insurrectionnelle. Monsieur le Premier Ministre, vous avez une très lourde responsabilité ! Cela fait plusieurs semaines que nous vous appelons à arrêter ce processus. »

Avec ces deux prises de parole, tout en « relayant un appel à l’apaisement », le député Castor résumait parfaitement le point de vue de la quasi-totalité des députés ultramarins, quel que soit leur bord politique. « Alors même que le Congrès de la Nouvelle-Calédonie demande au Gouvernement de retirer le texte, vous semblez avoir opté pour le jusqu’au-boutisme », alertait au début de l’examen du texte le député de Guadeloupe Olivier Serva, du groupe politique Liberté Outre-mer et territoires (Liot). Lui aussi s’adressait à Gérald Darmanin : « Vous jouez avec un feu déjà bien vif ! »

Véritable fronde contre le projet de loi constitutionnel

La majorité des députés ultramarins siège au Palais-Bourbon dans le groupe politique de la Gauche démocrate et républicaine (GDR), composé pour moitié d’élus communistes. Avec La France Insoumise (LFI) – qui compte aussi un nombre important de députés ultramarins – ces groupes politiques ont mené une véritable fronde contre le projet de loi constitutionnel sur la Nouvelle-Calédonie. « Le rapport à la naissance, à la mort, au mariage, n’est pas le même dans nos pays, expliquait à la tribune le député (GDR) Polynésien Tematai Le Gayic. J’en prends à témoin Nicolas Metzdorf, Philippe Dunoyer et tous les Océaniens présents. La moitié de la population de la Nouvelle-Calédonie est née pour être libre et indépendante ; qu’en fait-on ? »

Face à cette fronde venue de plusieurs bancs de l’Assemblée nationale, le gouvernement a répondu en appelant avant tout au « retour de l’ordre » et à la poursuite des négociations avec les parties concernées. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin a appelé à ne faire « aucun procès en légitimité aux élus de la République » : il faisait référence aux échanges très vifs entre les opposants au projet de loi constitutionnel et le rapporteur du texte, l’élu (Renaissane) calédonien Nicolas Metzdorf. Les deux députés de Nouvelle-Calédonie, partisans du maintien de ce territoire dans la République française, sont les seuls députés ultramarins du groupe majoritaire à l’Assemblée.