Elections européennes : et les Outre-mer dans tout ça ?

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M. B.

Les Antillo-Guyanais sont peu représentés sur les listes en compétition aux élections européennes de ce samedi. Caractérisé de longue date par une abstention record, le scrutin ne déchaîne pas les passions dans les Outre-mer. Des territoires perçus de toute façon par Bruxelles comme « ultrapériphérique ».

Il y a quinze ans, alors qu’existait une circonscription « Outre-mer » aux élections européennes, presque un électeur sur trois (28 %) se rendait aux urnes. Depuis l’instauration de listes à l’échelle de la France entière, c’est peu dire que les Martiniquais, les Guadeloupéens, les Guyanais et les Ultramarins en général, ne se sentent plus concernés par les élections de députés au Parlement européen. Le taux d’abstention est devenu stratosphérique, il dépasse 80 % dans tous ces territoires.

Tandis qu’à l’époque de la circonscription ultramarine, les électeurs pouvaient voter directement pour un représentant élu à Strasbourg – où se trouve officiellement le siège de ce Parlement – ils doivent désormais parier sur une personnalité plus ou moins identifiée comme portant la parole et la problématique de leur territoire, en fonction de sa position sur la liste.

Qui est éligible et qui ne l’est pas ? La réponse varie en fonction des sondages et sera tranchée par le résultat final de la liste à l’échelle de l’Hexagone : pour envoyer au moins un représentant à Strasbourg une liste doit réaliser 5 % du total. La répartition des places se fait ensuite à la proportionnelle.

« Il fallait un Ultramarin en position éligible », défendait la Guadeloupéenne Sylvie Gustave dit Duflo, dans une interview à France-Guyane, il y a quelques jours. La candidate figure sur la liste Renaissance, menée par Valérie Hayer, soutenue par Emmanuel Macron. Elle est en quinzième position sur la liste. Avec 14 à 15 % au mieux pour sa liste selon les sondages, Sylvie Gustave dit Duflo n’est pas sûre d’être élue.

La liste qui crée la surprise à l’échelon national est celle menée par Raphaël Glucksmann au nom du Parti socialiste et de Place publique. Elle talonne dans les sondages la liste macroniste pour autant ses deux candidats ultramarins Olivier Nicolas (19e) et Béatrice Bellay (30e) sont loin d’avoir gagné leur siège à Strasbourg.

Trois élus ultramarins au Parlement… au mieux

Le Guadeloupéen Rody Tolassy est l’autre et unique candidat antillo-guyanais à figurer en position éligible sur une liste aux élections européennes : en vingt-et-unième position sur celle conduite par Jordan Bardella, il affiche sa confiance et va même plus loin en estimant qu’ « il suffirait d’un accident électoral pour [qu’il soit] le seul Antillo-Guyanais à être élu ». Selon lui, sa position sur la liste montre « la volonté d’agir pour l’Outre-mer » de son parti, le Rassemblement national (RN).

Jusqu’ici, pour ce scrutin européen comme pour les autres, le parti de Marine Le Pen est en progression constante aux Antilles et en Guyane. Son positionnement est toutefois paradoxal pour une élection transnationale : Rody Tolassy donne comme argument principal à ses potentiels électeurs « l’attachement et la vision qu’ont les dirigeants du RN pour les territoires d’Outre-mer, une partie intégrante du territoire national ». Il s’agit aussi de faire oublier la mésaventure de la députée RN sortante Maxette Pirbakas, elle aussi Guadeloupéenne, passée chez les rivaux du parti Reconquête et poursuivie pour détournements de fonds européens.

Exception faite du Réunionnais, député européen sortant, Younous Omarjee, numéro deux sur la liste de la France Insoumise (LFI) et qui sera de fait reconduit, c’est l’Outre-mer dans son ensemble qui a été quasi-invisible durant cette campagne.

On notera seulement la présence de l’ancienne Gilet jaune d’origine martiniquaise Priscillia Ludovski, en neuvième position chez les écologistes mais ces derniers, jusqu’ici favoris des scrutins européens, sont à la peine dans les sondages. Exit, donc Priscillia Ludovski, sauf retournement de situation… comme il y a six ans. Enfin, Laure Vendegou, conseillère au Congrès de Nouvelle-Calédonie, en seizième position sur la liste du parti Les Républicains (LR), est, elle aussi, loin d’être assurée de son élection puisque la liste menée par François Xavier Bellamy n’est créditée que de 7 à 8 % des votes. Le dirigeant du Parti communiste martiniquais Max Louis-Thérèse n’est qu’en vingt-cinquième position sur la liste des communistes qui n’est créditée que de 3 %. Il n’y aura à Strasbourg sans doute au mieux que trois élus ultramarins.