Européennes: le vote commence en outre-mer, le RN en position de force

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Avec un jour d’avance sur la France métropolitaine, les électeurs français des Caraïbes et du continent américain se rendent aux urnes dès samedi pour un scrutin européen que le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen et Jordan Bardella aborde en grandissime favori.

Derrière le parti d’extrême droite, les jeux ne semblent pas faits entre la liste de la majorité présidentielle et celle du Parti socialiste, tandis que La France insoumise (LFI) a amorcé une remontée sensible dans les derniers jours de campagne. Des prévisions de toute façon complexe dans une élection connue pour un fort taux d’abstention et dont les électeurs se décident souvent au dernier moment.

A partir de 08H00 (12H00 en métropole) samedi, les premiers “a voté” retentiront dans les bureaux de  Saint-Pierre-et-Miquelon. Les électeurs de Saint-Barthélemy, Saint-Martin, la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, la Polynésie française et ceux vivant sur le continent américain voteront aussi samedi.

En toute fin de journée (23H00 dans l’Hexagone), ce seront les bureaux de Nouvelle-Calédonie qui ouvriront, dans un contexte troublé par les récentes violences. Pour la plupart des électeurs, ceux établis en métropole, le scrutin commencera dimanche à 08H00, les premiers résultats officiels étant attendus à 20H00.

Les têtes de liste et leurs soutiens ont lâché leurs dernières forces dans la bataille cette semaine pour tenter de faire pencher la balance en leur faveur. Le scrutin, qui se déroule quasi simultanément dans les 27 pays de l’UE, vise à élire les députés au Parlement européen, mais il est vu comme un test politique majeur de mi-mandat pour Emmanuel Macron.

Le chef de l’Etat s’est attiré les foudres des oppositions qui l’accusent d’accaparer les médias sous couvert d’engagements internationaux. Le chef de l’Etat a profité des commémoration du Débarquement de 1944 pour commenter à la télévision ces élections. Il est aussi apparu aux côtés du président ukrainien Volodymyr Zelensky et de son homologue américain Joe Biden, qu’il reçoit samedi en grande pompe pour une visite d’Etat.

Emmanuel Macron, comme la tête de liste de sa majorité Valérie Hayer, créditée de 14% à 16% des intentions de vote dans les sondages vendredi, a martelé son argument phare: le risque de voir un groupe d’extrême droite peser au point de constituer une minorité de blocage au Parlement européen.

Car les sondages publiés vendredi juste avant la fin de la campagne officielle promettent une victoire écrasante au Rassemblement national, au-dessus de 30% des voix.

La lecture des courbes constitue la chronique d’une victoire annoncée pour le RN (de 32% le 8 avril à 33% le 7 juin)“, commente samedi dans Le Figaro Frédéric Dabi, directeur de l’institut de sondages Ifop.

En dehors de cette pole position, les deux faits de campagne sont une dynamique relative pour la liste PS-Place publique, qui est montée de 11% à 15% avant de se tasser à 13%, et un vote sanction qui semble toucher la liste de la majorité“, ajoute-t-il.

LFI en embuscade ?

Derrière le RN, Raphaël Glucksmann, tête de liste PS-Place publique, entend bousculer une routine qui a marqué les dernières présidentielles. Il espère mettre fin au “faux duel” entre Emmanuel Macron et l’extrême droite.

La gauche nourrit aussi un espoir venu des Pays-Bas, un sondage de sortie des urnes donnant vendredi le centre-gauche légèrement en tête devant le parti populiste, toutefois en forte hausse.

Le croisement des courbes avec les macronistes n’aura jamais eu lieu dans les sondages, mais certains socialistes veulent croire à une deuxième place, qui leur donnerait plus de poids dans un bras de fer avec La France insoumise (LFI) pour incarner un barycentre à gauche.

Côté LFI, l’optimisme est de mise avec une dynamique favorable dans une fin de campagne marquée par des coups d’éclat à l’Assemblée nationale sur le soutien à Gaza.

Les dernières enquêtes plaçaient vendredi la liste de Manon Aubry entre 7% et 9,5%, mais le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon promet une “nuit noire” aux sondeurs, accusés de sous-estimer son parti.

Les Républicains se retrouvent eux sur un fil dangereux. Crédités vendredi de 6% à 8%, François-Xavier Bellamy peut se rapprocher de LFI comme du plancher fatidique des 5%, au-dessous duquel aucun candidat de la liste n’est élu. 

Le risque est également “bien présent” dans l’esprit de l’écologiste Marie Toussaint. Donnée autour de 5%-6% vendredi, elle espère que les sondages auront sous-estimé les écologistes comme en 2019. Sans “un groupe écolo fort au Parlement européen, la transition écologique est condamnée“, a-t-elle alerté.

La peur du vide peut aussi exister chez Reconquête, parti d’Eric Zemmour, alors que la tête de liste Marion Maréchal est donnée au même étiage.

Au total, les électeurs devront départager 38 listes candidates, avec une interrogation sur la participation. Certains sondages la voient en baisse, mais une enquête Ifop-Fiducial l’envisageait vendredi à 52,5%, contre 50,12% en 2019.

La tête de liste des Républicains aux élections européennes François-Xavier Bellamy le 27 mai 2024 sur BFMTV, à Paris
• JULIEN DE ROSA

La tête de liste de la France insoumise aux élections européennes Manon Aubry (au pupitre), le 6 juin 2024 à Lyon
• OLIVIER CHASSIGNOLE

La tête de liste du parti Reconquête aux élections européennes Marion Maréchal, le 5 juin 2024 à Nice
• Valery HACHE

Le drapeau européen dans l’est de la France, le 25 mars 2024
• PATRICK HERTZOG

Des bénévoles du RN collent des affiches de campagne de Jordan Bardella, président du parti et tête de liste aux européennes, le 6 mai 2024 à Lyon
• JEFF PACHOUD

La tête de liste du Parti socialiste-Place publique Raphaël Glucksmann, le 7 juin 2024 à Lille
• Denis Charlet