Gémima Joseph : au delà des vivats béats des supporters, que valent ses records sur 100 et 200 m ? Guyaweb, site d’information et d’investigation en Guyane

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Gémima Joseph, 22 ans et demi, a réussi les minima olympiques sur 100 et 200 mètres samedi soir lors des Jeux de Guyane à Rémire

Que valent ces temps ?

Eléments de réponses avec Guyaweb.

11s 04 centièmes sur le 100 m, au niveau français Gémima Joseph 22 ans et demi rejoint à la 6ème place Laurence Billy et se trouve dans le sillage des meilleures : avec ses 10s 96 Marie José Perec n’a plus que 8 centièmes d’avance, un temps au demeurant réussi en 1991 à Dijon.

Marie José Perec a alors 23 ans. Elle sera championne olympique sur 400 m l’année suivante.

Christine Arron descend ce temps par un record straosphérique en 10s 73 avec un vent limite de 2 mètres par seconde à Budapest en Hongrie en août 1998.

Pour la petite histoire, l’ex-recordman de Guyane du 100 m Katia Benth, entraineuse de Gémima, est 20ème dans le même classement en 11s 20, également réussis à Dijon en juillet 1998. Elle avait 23 ans aussi à l’époque.

Environ 1h30/2h après l’épreuve du 100 mètres, en place pour le 200 mètres, Gémima caracole toujours seule en tête, mais semble finir avec une foulée un peu plus saccadée.

Sur 200 m son temps est moins bon que sur 100 mètres : 22 s 57 (record battu tout de même qui était à 22 s 77).

Des explications à cela :  « Il y avait la pression de la compétition et sur 200 m, elle était seule au bout de 100 mètres de course, il te faut des concurrents à la fin à côté pour te pousser parce que tu es lactique alors que sur 100 mètres ça va encore », explique Riquel Bruno, entraineur au Toucan Athlétic Club.

« Les 11 s 04 (sur 100 m) sont très impressionnants. Ca vaut du 22s 30 à 22s 40 car il y avait la fatigue de la première épreuve quand elle a couru son 200 mètres. En général, le 11s 04 tu le multiplies par 2 et tu ajoutes 3 ou 4 dixièmes dus à la fatigue. Ensuite, cela dépend si l’athlète est spécialiste du 200 mètres. Si tu n’est pas spécialiste tu peux multiplier par deux et ajouter 5 à 6 dixièmes. Ca dépend aussi de ton entraïnement. Elle vaut facilement 22s 40, je pense que c’est la fatigue de la compétition qui l’a empêché de faire mieux» continue-t-il.

Ses 22 s 57 la mettent tout de même au 8ème rang français de tous les temps.

Et sur les hésitations du compteur électronique qui a affiché 11s 03 puis 22s 60 avant que ces deux temps soient rectifiés en 11s 04 (11s07 les minimas) et 22s 57 (temps exact des minimas olympiques), Riquel Bruno indique «C’est le temps affiché après le vrai temps est donné, le temps officiel, et ça change, en métropole également »

Autre témoignage intéressant, sur le net, un entraîneur français sur twitter s’est amusé à comparer les meilleurs doublés de plus grands athlètes français.

Et Gémima Joseph marque le plus grand nombre de points devant… Marie José Perec, Muriel Hurtis et Christine Arron !

2369 points c’est ce que vaut le doublé 11.04-22.57 pour Gémima Joseph à Remire samedi.

2349 pts c’est ce que valait le doublé 11.28-22.26 de Marie José Perec à Dijon en juillet 1991.

2346 pts pour le doublé 11.17-22.51 de Muriel Hurtis à Heusden-Zolder, un grand meeting de Belgique en 2003.

2335 points pour les 11.18-22.60 de Christine Arron en 2004.

Et enfin 2298 pts pour le doublé 11.21-22.90 de Laurence Bily à Strasbourg en 1989. Cela situe donc la performance.

Son entraîneur la voit déjà « sur la boîte» aux Jeux Olympiques de Paris, autrement dit sur le podium.

Un brin présomptueux pensons-nous car sur 100 m, il faudrait fatalement descendre sous les 11 secondes, la 3ème place du podium lors des 3 derniers Jeux Olympiques se situant entre 10s 76 et 10s 86.

Gaétan Tariaffe joint par nos soins nous explique sa position :  « en ce qui concerne notre objectifs être sur le podium n’est aucunement incompatible au fait que pour y être nous savons qu il faudra courir très vite et nous nous entraînons et préparons pour ces échéances (…) pour être sur le podium, il faudra être en-dessous de 11 secondes et pour avoir fait 11s 04 sans vraie adversité l’objectif n’est pas impossible. Je fais du haut niveau depuis très longtemps et je vous rassure le niveau atteint aujourd’hui par cette jeune athlète laisse entrevoir beaucoup de choses vous allez voir je vous donne rendez vous déjà prochainement en Jamaïque en toute humilité pour le meeting du 11 mai».

Gémima a été longuement blessée l’an dernier.

Les longs voyages sont aussi vecteurs de fatigue à prendre en compte.

Et Gémima Joseph va les enchaïner puisqu’elle prenait l’avion aujourd’hui pour la France, semble-t-il, puis direction les Etats-Unis pour un stage avec la sélection française de relais en vue des championnats du monde au Bahamas, afin d’y décrocher aussi les minimas pour le 4×100 mètres.

Et ensuite donc le meeting en Jamaique le 11 mai.

Gémima Joseph était déjà aux Jeux de Séoul en 2021, à 19 ans, elle a été demi-finaliste sur 200 mètres et 7ème du relais 4×100 mètre féminin en finale.

FF

Entraîneur de Gémima Joseph et référent antidopage en Guyane

Au cours de la récente affaire Alexie Alaïs, ancienne triple championne de France du javelot, contrôlée positive à un produit interdit que la lanceuse dit avoir trouvé dans un coupe-faim brésilien (après analyse), sans que la question de l’incompatibilité de fonctions ne lui soit posé pendant le journal de Guyane la 1ère, Gaétan Tariaffe était l’invité du journal, en tant que « référent antidopage en Guyane » venu débattre du cas Alexie Alais. Ce qui fait directement penser à l’AFLD (agence française de lutte contre le dopage). « Vous êtes à la fois l’entraîneur de Gémima Joseph et le correspondant AFLD. N’est-ce pas incompatible ?» lui avons-nous donc demandé ? « Je ne suis pas le correspondant de l’AFLD agréé par la ou  fédération et qualifié pour toutes les questions et actions relatives a l’antidopage» nous a indiqué Gaétan Tariaffe. Le responsable de la communication et des relations médias de l’AFLD nous a répondu ce mardi : « M. Tariaffe n’a pas de lien direct avec l’AFLD ». Dont acte mais quid de l’invitation sur Guyane 1ère pour l’affaire Alexie Alais avec ce chapeau de «référent antidopage» ou cette légende de « délégué antidopage à la fédération français d’athlétisme»….