Handicap dans les Outre-mer : un «faux départ» et des inégalités qui persistent


Un rapport sénatorial révèle que les Outre-mer accusent un retard alarmant en matière d'accessibilité, de soins et d'accompagnement. Présenté ce 3 juillet, ce document met en lumière des disparités massives entre ces territoires et l'Hexagone, alors même que la prévalence du handicap y est plus élevée.
Le rapport parle d'un "faux départ" suivi d'un "rattrapage amorcé", mais le constat reste sévère. Les chiffres sont particulièrement parlants : dans les Outre-mer, 8 % des jeunes de 15 à 24 ans sont en situation de handicap contre 5 % en métropole. Chez les 25-64 ans, ce taux atteint 12 % contre 10 % dans l'Hexagone. La situation est encore plus préoccupante à Mayotte, où 21 % des enfants de 5 à 14 ans sont concernés, et 18 % des plus jeunes présentent des limitations cognitives.
Plusieurs facteurs expliquent ces taux élevés. L'alcoolisation fœtale, dix fois plus fréquente qu'en métropole, joue un rôle important, de même que l'exposition à des polluants comme le mercure. La pauvreté, le mal-logement et surtout la faiblesse du dépistage précoce, souvent entravé par des tabous culturels ou religieux, aggravent la situation.
Des carences structurelles qui pénalisent au quotidien
L'accessibilité constitue le premier obstacle. Les transports restent insuffisants, voire inexistants dans certains territoires, et les infrastructures publiques sont rarement adaptées. L'insularité renforce cet isolement, limitant encore plus les possibilités de déplacement. Le secteur médico-social souffre également de graves lacunes. Certaines îles comme Saint-Martin ou Saint-Barthélemy n'avaient aucune structure spécialisée il y a encore deux ans. Les professionnels de santé comme les psychomotriciens ou les orthophonistes manquent cruellement, créant de véritables déserts médicaux.
La vie sociale et culturelle des personnes handicapées en pâtit directement. L'accès aux loisirs, au sport et à la culture reste très limité. Le développement du handisport se heurte à un manque chronique de moyens et d'infrastructures adaptées. Pour les étudiants, quitter leur territoire pour poursuivre des études en métropole relève souvent du parcours du combattant.
Un plan d'action pour combler le retard
Face à ce constat accablant, les sénateurs proposent 16 mesures concrètes. Parmi les priorités : assurer une meilleure représentation des Outre-mer au sein des instances nationales dédiées au handicap et mettre en place un système de dépistage précoce dans les écoles.
Ils recommandent également d'établir une cartographie précise des besoins pour adapter les politiques publiques à chaque territoire. Un accompagnement spécifique via LADOM pourrait faciliter la mobilité des étudiants handicapés souhaitant étudier en métropole. Enfin, le rapport plaide pour un renforcement urgent de l'offre médico-sociale, notamment en psychomotricité et orthophonie.
Vers une inscription dans la loi ?
Les auteurs du rapport souhaitent que ces propositions soient intégrées dans un texte législatif dès la rentrée. "Il ne s'agit plus de constats, mais d'actions", insiste Audrey Bélim. Pour Micheline Jacques, présidente de la délégation sénatoriale aux Outre-mer, l'urgence est réelle : "Ces chiffres justifient une mobilisation immédiate."
Les débats prévus au Sénat à l'automne seront déterminants. Ils devront traduire ces recommandations en mesures concrètes, pour enfin combler le retard accumulé depuis vingt ans. Le compte à rebours est désormais lancé.
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