Journée nationale en mémoire des victimes de l’esclavage : « Sonjé yo ! »

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J.S.

Une cérémonie officielle en mémoire des victimes de l’esclavage colonial français s’est tenue jeudi 23 mai à Saint-Denis, en région parisienne. La stèle qui porte les noms de 213 victimes de la traite a été fleurie par les autorités accompagnées d’associations mémorielles et de militants.

Si le mois qui s’achève est dédié dans son ensemble à la mémoire de l’esclavage, en Guadeloupe, en Martinique et dans l’Hexagone, le 23 mai est très officiellement la « journée nationale d’hommage aux victimes » du commerce triangulaire. « Sonjé yo !, s’exclamait Guylène Mondor, présidente d’une association mémorielle, à l’occasion de la cérémonie officielle, à Saint-Denis, à côté de Paris. Pour citer Maryse Condé, les morts ne meurent que s’ils meurent dans nos cœurs : le souvenir de nos ancêtres doit être préservé ! »

Immédiatement après sa prise de parole et un hommage en musique, les autorités ainsi que les militants présents et le Comité marche du 23 mai 1998 (CM98) ont fleuri la stèle de Nicolas Cesbron, une sphère métallique ornée de 213 noms de victimes de la traite. « Je pense à mes ancêtres, je pense à toi grand-mère, s’est ému Serge Romana, de la fondation Esclavage et Réconciliation. Nos ancêtres furent 4 millions à être tenus en esclavage durant cette période qui allait de 1594 à 1848 : des efforts colossaux doivent être faits encore aujourd’hui si nous ne voulons pas que la violence refoulée revienne au galop ! »

Serge Romana a assuré avec vigueur et conviction que « le monument des noms » aura vu le jour à la même date, l’année prochaine, au Trocadéro, non loin de la tour Eiffel.

Un long travail à faire

Accueilli par le sous-préfet Vincent Lagoguey et le maire de Saint-Denis, Mathieu Hanotin, le souverain du royaume yoruba de Savè, Oba Adetutu Akinmu Akikenju, a fait le déplacement depuis son pays, le Bénin. Il n’a pas pris la parole mais participait ces derniers jours à plusieurs manifestations et conférences en mémoire des victimes de l’esclavage.

Au pied de la célèbre basilique qui abrite les sépultures des rois de France, un « village mémoriel » accueillait les curieux, les passants et de nombreuses personnes en quête de leurs racines. « Notre stand qui permet de faire des recherches généalogiques rencontre toujours un immense succès, se réjouissait en souriant Josée Grard, membre fondatrice du CM98. Il n’y a qu’aux États-Unis que les esclaves prenaient le nom de leurs propriétaires : cela produit souvent de grandes surprises lorsque nous faisons des recherches ! »

Et c’est aussi le signe que le travail à faire pour que cette mémoire ne soit plus du tout taboue est encore long. Cela tombe bien : déambulations dans Paris et sa région sur le thème de l’esclavage, projections de films et conférences, salon du livre et lectures : le mois des mémoires n’est pas terminé dans la capitale.

Le groupe Yikanya a rendu un hommage musical émouvant au pied de la stèle de Nicolas Cesbron, désormais installée sur une placette à deux pas de la basilique de Saint-Denis.
• J.S.

Josée Grard, membre fondatrice du CM 98, assure chaque année des ateliers de généalogie qui permettent à de nombreuses personnes de retrouver leur ascendance qu’elles croyaient perdue.
• J.S.