Local News

L’Assemblée nationale adopte des « mesures d’urgence contre la vie chère »

23 January 2025
Promote your business with NAN

M. B.

Les députés adoptent une loi d'urgence contre la vie chère. La députée (PS) de Martinique, Béatrice Bellay, a obtenu l'adoption à l'unanimité - moins quelques abstentions dans les groupes politiques du centre et de la droite - de la proposition de loi.

Qui aurait pu voter contre ? Avec une éloquence et une fougue remarquées dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, la députée (PS) de Martinique, Béatrice Bellay, a obtenu l'adoption à l'unanimité - moins quelques abstentions dans les groupes politiques du centre et de la droite - de la proposition de loi " visant à prendre des mesures d'urgence contre la vie chère et à réguler la concentration des acteurs économiques dans les territoires d'outre-mer. "

Depuis le banc du gouvernement, le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a, lui aussi, salué " la détermination et la ténacité " de l'élue martiniquaise et soutenu un texte qui augure " un chantier fondamental dans un contexte d'urgence. "

 Les écarts " insupportables "

Le ministre, comme tous les orateurs qui se sont succédé à la tribune, a commencé par rappeler les écarts " insupportables " des prix en Martinique, en Guadeloupe, en Guyane et dans tout l'Outre-mer, par rapport à l'Hexagone.

 

Jean-Philippe Nilor à l'Assemblée nationale.
Jean-Philippe Nilor à l'Assemblée nationale.
• AFP - AFP or licensors - GEOFFROY VAN DER HASSELT

Avant d'appeler les députés qui soutiennent la politique gouvernementale à la voter, Manuel Valls a tout de même souligné les divergences qui l'opposent aux auteurs de la proposition de loi : le texte était examiné par les députés à l'occasion de la " niche parlementaire ", soit une journée où les groupes politiques d'opposition décident eux-mêmes de l'ordre du jour.

" En alignant les prix du " bouclier qualité-prix " (BQP) sur la métropole, on risque de sortir d'une économie concurrentielle qui correspond à nos valeurs ", s'est ainsi inquiété Manuel Valls. Le gouvernement a également proposé de supprimer le quatrième et dernier article de la proposition de loi. Ce dernier interdit purement et simplement à un groupe de distribution de posséder plus de 25% de parts de marché : c'est la proposition qui a fait le plus débat dans l'hémicycle du Palais-Bourbon. Comme toutes les autres dispositions prévues par la proposition de loi socialiste, elle a été adoptée.

Un bouclier étendu

" Il s'agit de rien de moins que de tenir notre parole, engagée lors de longues séances de travail en Martinique ", s'est souvenu le député socialiste de Martinique Jiovanny William, en défendant un amendement qui étend le bouclier qualité-prix aux produits de grande consommation et ne le limite pas comme c'est le cas actuellement aux " produits de première nécessité ".

Plus généralement, la décision d'étendre le BQP à la téléphonie, aux assurances, aux frais bancaires ou encore aux pièces auto a fini par faire consensus. " Nous ne sommes pas que des ventres, nous ne nous résumons pas à des tubes digestifs ! ", s'est par exemple indigné le député (La France Insoumise) de Martinique Jean-Philippe Nilor.

 

 

Renforcement des pouvoirs et des moyens des Observatoires des prix, des marges et des revenus (OPMR) ou encore contrôles des coefficients à la revente pratiqués par les importateurs : les " mesures d'urgence contre la vie chère " faisaient largement consensus à l'Assemblée nationale ce jeudi. Les députés ultramarins, quel que soit leur bord politique et même s'ils sont élus d'une circonscription de l'Hexagone, ont tenu à apporter leur pierre à l'édifice. " Ce texte contient des avancées importantes, nous ne pouvons pas attendre ! ", exhortait ainsi Steevy Gustave, au nom du groupe écologiste.

" Je souhaite un vote unanime et que nous ne soyons pas là dans 20 ans à discuter des mêmes choses ", complétait, en séance, le député (Liberté indépendants Outre-mer et territoires) de Guadeloupe, Max Mathiasin.

Réforme de l'octroi de mer ?

Bien qu'il n'ait pas voté contre, le groupe Rassemblement national (RN) était finalement le seul acteur politique de l'Assemblée à ne pas jouer la carte du consensus. " Nous ne voulons pas être un facteur de blocage c'est pourquoi nous ne voterons pas contre, commençait par expliquer le député RN de la Réunion Joseph Rivière. Pour nous, le seul moyen de lutter contre la vie chère dans l'Outre-mer consiste en notre réforme de l'octroi de mer. "

Telle que proposée dans un ancien projet de loi de finances, le Rassemblement national avait pour ambition de supprimer l'octroi de mer et de compenser les pertes pour les collectivités locales " à l'euro près " par une augmentation de la dotation globale de fonctionnement.

Dans le protocole signé en octobre dernier à Fort-de-France, une baisse effective de l'octroi de mer sur les produits de première nécessité a été actée, en même temps qu'une baisse de la TVA.

Ce protocole est toujours d'actualité selon le ministre Valls : selon la baisse de la TVA est soumise à l'adoption du Budget 2025 par le Parlement. La loi, votée aujourd'hui, doit maintenant être soumises aux sénateurs avant de revenir à l'Assemblée pour être adoptée définitivement.

Une fois promulguée par le président de la République,les premiers effets de cette loi se feront sentir dans les rayons des supermarchés et plus généralement dans les portefeuilles des habitants de la Martinique, de la Guadeloupe, de la Guyane et des collectivités ultramarines.

 

GBH sur la sellette

Il persiste et signe : le ministre des Outre-mer Manuel Valls qui a mis en cause le groupe GBH pour son rôle dans la vie chère dans les Outre-mer, maintient ses propos et réitère ses attaques. " J'en ai parlé hier et je continue à le faire : certains grands groupes très performants ont un rôle d'étouffement économique dans les Outre-mer ", assumait le numéro 3 du gouvernement à l'Assemblée nationale à l'occasion du vote de la proposition de loi socialiste contre la vie chère. Manuel Valls déplorait également avoir subi des " pressions " et avoir été contacté par plusieurs " lobbys " après ses propos de mercredi lors de la séance des questions au gouvernement. Répondant à plusieurs sollicitations des députés antillais, Manuel Valls assume une dernière fois : " Je vois bien les réactions, on veut m'empêcher d'agir mais au-delà de quelques pressions, on tient bon ! "