Usine d’équarrissage : l’affaire est au point mort

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En novembre 2023, les riverains de plusieurs sections de la ville de Lamentin impactées par la pollution olfactive de l’usine équarrissage, obtenaient son arrêt temporaire, le temps de la réalisation d’un audit sur son fonctionnement. Mais les cinq derniers mois ne se sont pas déroulés comme prévu.

Lorsque les parties se séparent ce jour de la fin du mois de novembre, tout le monde semble être d’accord. L’État, la DEAL, le conseil régional, le conseil départemental, la SEG société qui exploite l’usine et les usagers reconnaissent que ses dysfonctionnements impactent de manière trop lourde le quotidien des habitants, en plus de mettre en danger la biodiversité de la grande rivière de Goyave dans laquelle s’écoulent des rejets. Pour redresser la barre, il convient donc de stopper l’activité de l’usine, le temps de réaliser un audit afin d’identifier les réparations les plus urgentes à réaliser. Et tout cela, il fallait le faire rapidement afin de ne pas pénaliser l’activité de la SEG et de continuer à assurer la salubrité publique.

Point mort

Cinq mois, l’engouement et la bonne volonté du début semblent avoir fait long feu. Si, en effet, l’audit de fonctionnement a été réalisé plutôt rapidement, notamment grâce au volontarisme de la SEG, les conclusions qui auraient dû être présentées en mars n’ont toujours pas été rendues publiques.

“À la fin de l’audit, la société a réunit l’ensemble des acteurs et lui a présenté ses points d’alerte sans nous cacher le caractère pessimiste global de leurs conclusions. Les experts nous ont dit que le rapport suivrait sauf que depuis, nous n’avons rien vu venir” explique Mme Josy Saint-Martin, l’une des porte-parole du collectif des riverains.

La raison de ce silence est tout à fait étonnante. Le cabinet d’audit basé en France, a avancé un certain nombre de frais pour accomplir la mission. Afin de rendre le rapport, ils attendent que leur prestation soit soldée. Et sur ce point c’est quasiment le silence radio. 

Retour en novembre. La Région, par la voix de son président, Ary Chalus, s’était engagée à payer une partie de l’audit, bien que cela ne fasse pas partie de ces compétences. Une petite concession accordée afin de soulager la SEG et de s’assurer de la rapidité de la procédure. Elle partage l’effort avec le conseil départemental, et la mairie du Lamentin. Selon nos informations, en dépit des nombreuses relances faites le dossier n’avance toujours pas. 

En mode survie

Si la SEG refuse de s’exprimer sur l’avancement ou non du paiment de l’audit, la société avoue que les mois sont difficiles. Sur les huit postes originels, seuls deux sont encore en activité. Ils concernent les deux chauffeurs chargés de convoyer les sous-produits vers Energipôles. De plus, la société perd des clients qui préfèrent sucrer un intermédiaire pour emmener directement leurs déchets vers la décharge. De même, tant que l’usine est à l’arrêt et que les dysfonctionnements ne sont pas résolus, la SEG ne peut pas non plus chercher de nouveaux clients. 

Enfin, la société est loin d’être au bout de ses peines puisque l’audit financier, lui n’est même pas encore lancé, bien que, selon nos informations, trois cabinets aient été proposés à la mairie, à l’État et aux collectivités majeures. En attendant, la SEG doit limiter la casse financière pour espérer survivre aux nécessaires travaux de mise aux normes de l’usine.